MuraTextes
Le fou d'amour
CD unique offert à la poétesse Isabelle LE DOEUFF d'après le recueil de poèmes qu'elle avait déposé au pied de la scène lors d'un concert de JLM
en 2000.
LES MONUMENTS D'ALGUES / JUSTE / PERDIDA / LE DERNIER REGARD / LA GOUTTE BLANCHE / LE JEU DES HOMMES / LE FEU, LA CENDRE / L'ADIEU / MASCULIN SINGULIER / POTIER / POISSON
LES MONUMENTS D'ALGUES
Sur ton bateau d’ailleurs
Tu peignais sans saison
Des tableaux or et noir
Qui parlaient d’océans
Tu peignais jusqu’au soir
Parfois plus hauts que toi
De grands monuments d’algues
Que tu ne signais pas
Souvent ces géants vagues
Se décrochaient des toiles
Emportant ta peinture
Au fond des océans
Alors de ton bateau
Tu regardais la rive
Et l’or de tes tableaux
Partir à la dérive
JUSTE
Juste penser à toi
Et me tordre les doigts
Juste penser à toi
Et me mordre la langue
Juste je pense à toi
Et j’ai la langue en sang
J'ai la langue en sang
Juste penser à toi
Et me tordre les doigts
Juste penser à toi
Et me mordre la langue
Juste je pense à toi
Et j’ai la langue en sang
J'ai la langue en sang
PERDIDA
J’avais le goût de toi
Jusqu’au fond de mon corps
Aux lilas de mon ventre
Tu ne t’arrêtais pas
Tu glissais comme une ombre
Je mourrais dans tes bras
Comme un enfant de brume
Tu te glissais en moi
Je n’avais plus d’odeur
Juste le goût de toi
Tu dormais dans mon corps
Moi, je ne dormais pas...
LE DERNIER REGARD
Je suis partie sans âme
Le corps en amertume,
N’emportant avec moi
Qu’un peu, très peu de toi.
Mais bien assez, je crois
Pour préserver ma peine,
Pour décupler le doute,
Et retenir, intacts,
Humides, au fond de moi,
Beaucoup de tes silences
Un peu de ta présence
Un peu plus que moi-même
Un de tes dix regards...
LA GOUTTE BLANCHE
Un ciel étrange
Des noix germées
Des lys dépossédés de tige
Des haies de bois tordu
Quatre bouquets noués
En paysage...
Mes tâches rousses pour tes joues
Mon ventre dur, mon ventre mou
Toujours la goutte blanche
Qui glisse sur ma jambe...
LE JEU DES HOMMES
Puisque j’ai la peau blanche
Et l’envie d’en jouer
Que tes yeux sont immenses
Et mes sens insensés
Puisque l’aube est orange
Et le lit mélangé
Joue-moi le jeu des hommes
C’est mon jeu préféré...
LE FEU, LA CENDRE
Tu plonges dans ma vie
Comme un poisson d’écume
Tu bouges dans mon corps
Comme un reflet d’argent...
Sais-tu que dans mon ventre
Tu fais des bleus, des blancs
Tu fais le feu, la cendre
Et des perles de sang...
L’ADIEU
Et puis,
Comme un enfant blessé
Me perdre entre les arbres,
Sur les écorces brunes
Me déchirer les doigts,
Creuser même après l’heure
Un puits d’ombre et de terre
Pour allonger mon corps
Et mourir loin de toi...
Mourir loin de...
Et puis,
Comme un enfant blessé
Me perdre entre les arbres,
Sur les écorces brunes
Me déchirer les doigts,
Creuser même après l’heure
Un puits d’ombre et de terre
Pour allonger mon corps
Et mourir loin de toi...
MASCULIN SINGULIER
Tout au bout de mon corps
Tu te laissais glisser
Je te voyais à peine
Alors je t’inventais
J’aimais tout de ces scènes
De tes instincts premiers
J’aimais tout sans qu’on s’aime
De ces instants masculins singuliers
POTIER
Potier, voûté d’amour
Au dessus de mon ventre
J’aime toutes les formes
Que tu donnes à mon corps...
Potier oh mon potier
Tu sculptes chaque jour
L’animal aux aguets
Qui veille au fond de moi
J’aime ce loup qui court
Entre tes doigts d’argile
Et ce geai qui vacille
Entre tes doigts de terre
Sculptée par tous tes sens
J’ai la voix du silence
Et dans ma gorge coule
Un goût de terre et d’eau
LE POISSON
Tu t’étais fait pêcheur
Sans ligne ni raison
Pêcheur du bout du monde
Courbé sous l’horizon
Je t’observais des heures
Au milieu des poissons
Tu leur contais les nuits
Où nous mourrions d’amour
Et les journées sans vie
Qui les suivaient toujours
Tu t’étais fait pêcheur
Sans ligne et sans raison
Tu t’étais fait pêcheur
Je me ferai poisson...