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MuraTextes

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Poésies en prose

page spéciale 1451

LA TUNIQUE ROUGE

 

Poésie en prose de JL Murat été 2001

 

Grandes taches but d’oiseau virages dans l’azur colère d’ourson le sang manque au cœur asséché tenter la sortie être sur de soi tenir le vol et pourtant les biellettes et culasses et tout le tremblement on va comme promis on court comme élu oh que je vais ! retour de l’escadrille voyons les dégâts le danger menteur à jouer sur le vol sur sa qualité d’âme passer en contrebande le rien qu’on prend pour tout au miroir être un âne et ça ne compte pas où est la part de l’autre sans l’autre on ne tient pas où pas et quel regard il porte l’autre et ça je ne peux pas et c’est tout pourquoi avoir raté foiré le bijou dans la bidoche. bravo ! 

 Retour sur soi brutal et long ce qu’on pensait muscle était de l’eau la glace tiède vue dans les yeux alors on est un domestique en dessous de l’idée là en dessous au berceau gazouillis déjà fausse idée fausse pour l’anniversaire domestiqué en nomade trompe l’œil de mon être seul pavé de nuages matelas de neige rouge impeccable arrangement d’eau douce et complot dans le noir de moi à moi impur inefficace surtout pour redresser le tort que l’on se fait comment ne pas le faire on ne voudrait pas passer la ligne à reculons et toutes images fausses comme foie bile et calculs aux reins le faux est bien réel pourtant.

On frappe sur le tam-tam de mon destin je sais mais je n’entends pas pistons d’acier qui affolent mes pensées douces leurs jupes leurs ovaires de rocher en sable en rocher par un changement de matière irrégulier je vis nulle part le ciment nous manque quelle idée le solide à gué sur le fleuve amour Annabelle quelle idée les frappes sont irrégulières je ne maîtrise pas mon souffle alors au couchant où sont les voyageurs admiratifs la grande gueule orangée du jour bientôt nous aboyer de l’ombre et des rêves le feu nous précise en sombre couché allongé sous le frêne à l’assaut du mur de pierre serpent d’ombre je vais je m’entends et je sais que les tranches fines valent les tranches épaisses de ces moments.

 Au grondement mon eau se plisse et me réveille la musique est bâtarde avec son cul de miel et son humeur noire aux genoux tombe sur ma joie instantanée la mélodie clouée à la porte des granges le louis d’or est brûlant dans l’incendie pierre barbare je ne suis plus et j’en pleure en chantant étonné par le feu chant inarticulé dans poitrine de femme aimée veux tu ton bain de sang teindre chevelure vigueur de l’enfant à venir pour moi je suis d’avant je ne suis plus d’ici au commandement c’est sûr cruel j’étais oh mon corps quel mal on se fait cheval moins que la condition du lièvre quels paysages entrevus dans le chant immobile désaltéré de sang bibi là-bas.

 Un sac d’os c’est mon butin j’en reviens ma queue elle aime en barbare complet et ascensionnel transformer en matière le vertige le grand prodige de la rosace on viole comme jamais je veux bien le croire le frêne remplace l’acier le sang la grenadine la panthère le véhicule la laine la peau le coup le geste et l’habitude ma gourgandine le long je vais reviens sur les pas du vieux jouir au licol vient la brune artistique empoignade liquide le torrent souterrain vers les hanches le cresson imprudent les têtards sacrifiés c’est l’escorte oh ma queue il nous tombe des barres à mines et le cul trouve bon les anguilles se tassent.

Le sommeil du chacal ou de la puce dans mon for au large des yeux je traverse tes nuages en avion supersonique habitué à vivre de long en large je traverse l’orage cherche l’œil du cyclone entre tes os mes bois je calme je pommade les nerfs le charnier intérieur l’héritage des bêtes barbare cruel et généreux on le sent oh mes cellules dites qu’allons nous refaire quelle complexion de chaman de lièvre de couturier de cosmonaute ou biquette à la grille où je pends j’entends les chevaux du Roi et ma reine me suce et je meurs répandu sève tonique du sommeil pour femelle qui luit je sens le renouveau de la tige invisible.

 Serait-il possible le détachement des courroies de givre des haubans de verre de la tunique creuse de l’entrave des nuages de la prise d’éternité du surlignage au khôl de la pantomime du chant du colibri des ombres.

Tout me porte à être autre, à ne plus rien dire, à ne plus rien faire. En porte condamnée.

Ma mauvaise pente est musicale. La tyrannie des mélopées, des chansonnettes le petit développement des jours de peu. J’attends le dégel la débâcle des glaces rougies mon instinct de France est mauvais ma tunique est rouge.

Je pense à mes couilles, nous pensons à nous framboises d’or pendentif unique de l’âme en vrac du jus d’ailleurs en Cornouaille cosy.

 Accroché à son cul suivant la loi sûr de s’écraser il patine le monde à sa convenance dans l’antichambre du cerveau couilles sur la terre aux mille personnages excités le monde descend des échafaudages arrête à hauteur des marais quelques pieds imprudents dans le bouillon tiède dites quelles rives quelle berge quelle lune et quels astres quels mouvements quelles couleurs quelles raisons et la sève reprend son cours vers le creux le sang bouillonne heureux sa vie lactée dans les tunnels d’ombre dévisage la nuit jusqu’à la gueule immense et lui crache un petit qui recrache à foison ah devenir liquide le rester et frémir.

 La femelle en moi reçoit et donne se couche au crépuscule et de ses doigts de rose et des es lèvres lilas au matin de ce jour inonde le lien sacré puisatier à queue d’or de ma vie de frelon je prends un pollen d’azur hormones du rêve et je me baise l’âme et le cœur et le cul je ne sais plus pourquoi mais je me baise messager à voix femelle comment sinon retenir le chant de mes sens le lourd navire de lin qui chute là au fond du regard abruti mot à mot goutte à goutte la femelle sous la dictée note les prévisions à cinq jours du brasseur de misère guano des ténèbres corps fendu on éponge les mots on filtre et on retient sois bonne femelle queue d’ivoire.

D’heure en heure les pétales deviennent plus sombres et le cœur et l’envie et la certitude que c’est bon pour la santé de vivre ainsi l’excès de joie de force qui nous tient les autres nous voient nus sans fond sans teint chapardage au hasard dans la petite échoppe que voient-ils que je voulais cacher et qui me gêne tant quelle pudeur outrée arrache larmes quel dépit quel retour sur soi regard sans complaisance des cruels vous me dispersez défaites gerbe fleurie au vent mauvais repartez sûrs de votre pouvoir mais nous perdons le temps en mouvements convenus vive l’insecte ivre et vive le bleuet à cet instant de givre ami pavot à moi.

 Mon mikado redevient branche arbre mon hésitation à vivre alors solide comme un mât bougent les miroirs et je reste immobile vie de tentatives et d’eau d’ivresse dans la corolle et d’ennui de glace au chaud poisson hors de l’eau sans plus de moyens foutre alors voilà la combine du diable la fraise au cou du lys en découdre à coups d’os dans ce bal des vauriens mais mon cœur m’emporte l’antichambre d’un monde dont je n’ai pas la clé dans l’équipée nocturne j’ai piétiné des œufs les grandes places étaient vides j’avais perdu mes clés et je ne savais rien de toi les gens étaient aimables qui donc pourrait m‘aider dans l’antichambre d’un monde.

La vis d’ailleurs morse au gré des courants dans l’azur et miel aux interruptions rendre ici comme un rêve de la-bas du vieux grenier à foin de l’usine désaffectée des crevasses et des coups infinis dans la cuisine des dieux à l’impossible échafaudage de rire ces quelques mots de l’origine barbare de ma nature humaine les bribes d’un dressage souvenir au présent camisole des sots comme moi les nonsortis de la rivière le tard venu à la comptine ébrouer ma part d’ange me voir en pleurs fatigué de ne pas comprendre ce qu’on attend de moi enfant à queue d’acier à quoi servir à sa nature ajourée de boxeur qui s’ennuie à la distraction pure crasseuse alors c’est quoi ce cirque ça pue l’éléphant.

 Montrez moi votre cul montrez moi votre queue nous reverrons nous ou alors dans le bordel à vous mettre en silence à limer l’acier dur de vos convictions femelles que l’abandon est lâche et moi chercher le prisunic un souffle une idée un poil pour libérer à temps dans le temple glacial pourtant tout y est à lécher cette morve inédite vous faire plier poutre maîtresse te votre envie glaciale et lubrifier vous êtes une noix mystérieuse vos futures bajoues aux autres mortiers indifférents au sort de parties molles montrez-moi votre cul alors vous à frémir légèrement comme un rameau par vos baies vénéneuses.

 Perdre l’altitude chèrement gagnée se trouver laid perdre raison descendre jusqu’au nœud coulant on espère jouir de sa stupidité pendre ce que l’on est devenu sans penser plus avant tout est désordre cet ordre est un mensonge dynamiter ma pierre retour au rien de poussière pensée familière congénitale pente à quoi bon mon dieu je perds cette altitude si chèrement gagnée que vais-je devenir enfant la ferme taire son ordure évanoui à moi ailleurs je ne sais et je me tais alors basta c’est l’ivrognerie des ancêtres qui pousse.

 Aux premières lueur je m’efface lourd comme une bombe entravé comme le taureau furieux mes tripes rouges éclatent à l’horizon tout désir tout désir calmé par les artifices féminins de la nuit la fureur criminelle dans mon antre gigote le silence des organes et je dors du sommeil du barbare la civilisation du sommiers me repousse sur les hauteurs du monde volcan où je crache mon effroi ou ma peur mais qu’il arrive le point de non retour il est tard et l’architecture m’indiffère chaotique et informe je ne vois pas le bout de l’ordre et du bien que se passe-t-il la sagesse se bat me dit-on on range on va se quitter du festin que des restes à quand le prochain je désespère de moi.

 En bouillie tiède à contre-jour imprégné de voix tyranniques journée hors du temps coincé par des énigmes de barbare je cherche une mélodie l’âme grosse de terreur et de peine je survole la brume maronnasse des vies au tiers mais déjà mortes les passions de poche en vapeurs mélangées je boxe mon brouillard familier mon cartable gris le fond de l’œil riche d’illusions renversées je suis mon diable anonyme et commun montée de sève je vais au périnée je réveille les lions et la corne d’ivoire et les tripes à mon sang peu de mastic tout tient dans le souffle retrouvé et ma source en sous-bois derrière frondaisons je me pousse en arbre mécanique va mon cœur viens la sève laiteuse la couronne fondue allez troupes de ma vie.

En suspension liquide je sens bien l’état change c’est le salut des viscères on voudrait la plainte se donner l’importance d’il y a quelques jours mais acculée dans l’impasse d’eau mousseuse les nerfs comme racines dans l’obscurité sur des kilomètres intérieurs cherchent la lumière obstruent portes et fenêtres d’ombre veulent faire synthèse leur nature pourquoi clos de l’intérieur clos je suis même la lumière n’atteint plus je vais me gaver encore faut-il prendre au cœur les clés et entrer se frapper au premier gémissement et la jungle s’épaissit la patience est l’issue non la maladie les talus les fossés de l’esprit cantonnier « à la garde ! » mais l’architecture de la bête m’est défavorable.

 L’inversion des rôles et votre idée de baise avec Dieu ce qu’il faut apprendre comme bêtise pour tenir un rôle sérieux quel manque de partenaires drame moderne manquer de partenaires le monstre nous tient aux couilles immobile ailleurs plus fort que jamais on violera comme jamais je vous le dis la folie est régnante et j’ai le ventre ne feu je réveille mes quartiers espoir couleurs calculs combativité continuité estime de soi et idéal je vais faire un tour dans ma foire du Trône les manèges sont à l’abandon l’animal ma demande des comptes je ne sais plus où me mettre là haut « nature humaine » hé rien le manège me détruit dans l’excellence. 

Le biplan se démonte une humidité de pourriture m’envahit solitude angoisse la panoplie des idées inutiles me tient j’énumère sans fin puis fatigué je pleure et j’ennuie mon monde quand je pleure, j’apprend alors à me pleurer dedans un goutte à goutte acide sur le cœur ni vu ni connu les gens préfèrent l’homme qui pleure est à tuer nous avons tous la larme facile les hommes de ma famille sûrement ailleurs avec des chagrins de feu et de boue nous sommes une chaîne d’hommes qui s’effondrent et se pleurent de rage éventrent à la faux jeunes grenouilles puis détendus égorgent le veau gras se délectent sang de cochon et tripes et pleurent sur papillons pleurent comme ils pissent.

 Je m’épargne sur le dos dans l’éther je divague au profond je creuse rideau toujours en nomade je vais ciel à ciel cul à cul en forêt radieuse du moi autre dans ce grand rien j’arrache aux arbres écorces fraîches pommier d’amour m’est mesquin tiens bon dans le m’indiffère tiens bon j’avais coudée franche à tenir mais rien ne tient au zénith rien ne sert à rien de rien et pourtant voilà l’affaire atomique douleur alors cesse si lâcher tout mais pas fait pour au retour de Dijon pas de surprise le cœur est là vide de ça à faire la nique pourquoi toujours le haut le tout du tout le rêve unique viens question du jour à peu je tiens au cœur du monde mouille l’éponge de mes jours lourds de l’eau glacée de las-bas.

C’est fixe et je contourne je n’aurais fait que ça c’est lassant il faut dire ça use la poitrine un brouillard ou une ombre que l’on a vu venir puis fraîcheur sur la nuque lent vol de l’oiseau le vent est sud ouest je manque de diagnostic il a plu cette année les feuilles abondent tout ce qui s’intercale est inintelligible raide à la proue mort de frayeur et de froid ce devra être j’ai désappris trouver des écluses non sur la pierre majeure je bute je sens le dur le froid de cela qui est fixe et je contourne le rond point je sais contourner mais en vain je dis pas grave mais je sais que je contourne c’est contre ma nature qui ne sait pas mourir pourtant même si d’évidence solstice sera l’âge nous irons oh! mon amour à la nuit sur la plage les sirènes venues. 

Je ne suis pas assez pour mes idéaux mes mon chant est irréel le mal est vrai je n’ai pas l’air comme cela savoir je sais et pleure et sais pleurer c’est pas bien bien sûr j’étais il y a peu éponge devant une torture je crois très belle éponge intérieure vivante à l’abri personnel plus d’enveloppe non plus à nu dit-on me voilà on est jamais assez pourquoi les idéaux et pourquoi m’éveiller les idéaux des autres non.

Je retourne à la soute de cristal et de roses je raconte le jour de là-haut mais le capitaine est fou comme je dois cacher au cristal et aux roses la toile de fond s’effiloche l’attraction terrestre défait âme sans tissu je roule au loin l’absence de réponses aux questions qu’il ne faut pas poser mais il y a le cristal et le sperme et les roses ma langue me rend fou à s’acharner depuis des mois elle y revient sans cesse pour un éclat d’émail son absence est la première marche de l’escalier vers les profondeurs animal fou pourtant voilà un mur de fortune le mur sans raison paravent dans ce désert.

Ancre 1

GROENLAND

 

Nouvelle en prose, écrite et illustrée par JLM en 1998,
diffusée sous forme de feuilleton à partir d'août 1999 sur son site Internet

 

 

  •    I -

    là-haut, au pays du sensuel et de l’incertain                                          
    inquiet de tout
    j’étais un Izoard                                                                                                                                                                                                
    dans l’herbe contrainte par les engins de travaux publics
    entre des monstres imbéciles
    dans des jarretelles de fer et d’acier
    je payais très cher mon absence au monde.
    guichetier du fond des mers
    percepteur dans l’azur
    jouisseur dans le vide
    j’allais gagner ma vie dans cette pourriture.
    sur la montagne infirme, je pensais avec mes poumons,
    autant dire je ne pensais à rien.
    les gens étaient méchants et sales comme je ne suis pas. 

 

  • - II -

    On a longtemps pu croire que le cerveau se trouvait à la place du cœur
    « j’ai la tête lourde, je voudrais sortir du troupeau
    pourquoi m’as tu abandonné, c’est irréel »
     » nous nous en occupons mon lieutenant… comment a-t-il pu passer le système de sécurité? »
    Les tourterelles entamèrent alors leur ronde fragile autour de moi.
    Je voulais mourir dans une mise en scène spectaculaire.
    Veines ouvertes, nu sous la neige.
    Il me semblait injuste de vivre ainsi.
    La tristesse me coiffait comme une glu. Je tombais je crois. Je vomissais dans le brouillard. J’étais un chien à trois pattes.
    Déjà un lisier frais me coulait à la gueule, dents en plastique dur. Je ruminais ma peine.
    Incollable sur le fond, je me considérais en plante carnivore.
    Buté.

    Sous la gueule des nuages de grêle, sous des nuages anguilles, des nuages éléphants, les cristaux du ciel cinglaient sur mon pupitre – ma première expérience de la mélancolie -.
    Parfois la grêle et ses échos d’acier me détendaient l’âme, alors je m’ouvrais à l’orage, la foudre m’était douce – qui en faisceau de fines raies venait se nouer sur mon ventre « je n’avais pas encore ce ventre où l’on ancre les grands navires intergalactiques »-.
    Dans le petit temps, je m’occupais à rien, à deviner dans des rigoles noires – comme incroyable – l’acier liquide de mes larmes. Je me sentais nu comme un bouc. Je me bâtissais un sommeil avec des débris. La cathédrale de débris que j’ai dedans, et moi à l’intérieur qui prie dans une cathédrale de débris que j’ai dedans… à l’infini.
    Je n’ai pas vu venir l’éboulement. Comment soigner les marques épaisses que la brute m’a laissé sur le dos. Dans l’éboulement, j’ai pensé à mes poumons, outres fragiles que je remplissais par saccades.
    Un autre prenait de l’eau à ma source.
    Je le savais abreuvé.

  • - III -

    On me coupait les vivres au hasard, on me voilait les yeux, on définissait ainsi mon caractère et je n’y étais pour rien.
    J’étais d’une écorce humaine mince, l’air brûlant me montait à la tête, j’étais alors prêt à vivre des horreurs dans mon humaine condition.
    Mon esprit s’appliquait avec plaisir à mettre ma sensibilité en péril. Si le vent du soir prenait quelque jupon, je devenais sombre. J’aurais occis le rire et la lumière, j’aurais léché le lait d’une taupe. Aux fontaines d’argent de cette force sombre, je servais froide en compote mon âme douce glacée à l’essence. Mes états d’âme étaient servis en buissons de tartelettes. J’allais jouir dans cette sente moite. Je me voyais coiffé d’une flèche conique à écailles, j’étais du douzième siècle, puis une fourmi, et enfin dans le grand espace, je me retrouvais dans la nébuleuse du Chien avec un nom pour spécialiste. Qui dans cette nuit divine pouvait bien m’observer? Dans un lent gémissement de télescope, un indien se retournait-il dans son lit, dans le grand tilleul une chouette prenait-elle son vol d’épais velours. Le battement d’ailes se mêlait-il au gémissement du télescope, l’indien s’endormait-il?
    On me pensait méchant, mais on ne comprend rien à la nébuleuse du Chien.
    Autour des planètes de Cristal j’entendais le bruit assourdi d’une circulation automobile.
    Je suis dans l’épluchure de la pomme.
    Je suis un étranger, et j’entretiens ma différence plus sûrement que la chèvre, plus sûrement que le loup.
    …- « Où allez-vous? », avec un accent anglais froid comme un sorbet, comme si prononcé par elle, le français sortait d’une sorbetière.
    - »Lyon? Clermont-Ferrand? »
    – « Je vais à Genève. »
    Déjà par la portière j’essayais de comprendre l’avant-goût de la fille elle-même. Fleur de pissenlits de nuit, pas de phéromones avec un étranger.
    Si tu essaies de devenir autre, abeille, tu es foutue. C’est l’animal tendre révélé. Le sang qui boue – nous sommes en mars -. L’enchevêtrement des fils du désir, laisse comme un traîne derrière la voiture. Par cette quasi chevelure qui nous vient, nous sommes happés par le ciel.
    Voiture sans passagers.
    Envie de boire, de nouer des cheveux épars. A pleine main renverser la tête, embrasser. Pas un baiser de fermeture mais une écume sur le visage. Un festin. Comme on baise on embrasse.
    Imprévisible, de velours douce, boudeuse, inerte, vicieuse, tendre, mécanique dans l’oubli, de chaque animal, carnivore, étouffante, distinguée, sale, acrobate, joueuse, dédaigneuse, bête, vulgaire, fatiguée.
    Embrasser jusqu’à la douleur. Un test. De l’ordure à la sainte, son éventail dans un baiser.
    Le reste ne veut rien dire.
    Pourtant j’étais sur le bord de la route en machine de guerre.

 

  • …- IV-

    Sur la route des cimes, on abordait le grand engin, ses courroies lacées de fil d’or n’emballaient plus rien, les amandiers ne pouvaient rien pour nous, l’attelage de feu finissait lamentablement.
    Jeunes et usés nous restions dans la confusion, à califourchon nous chevauchions l’engin pour rien. A peine le temps de méditer qu’un autre engin d’ivresse nous rejoignait, là-haut prés des sentes infinies que prennent les grands mammifères – sur les traces imaginaires des dinosaures -.
    Alors les filles prenaient leurs aises, jetaient leur ceinturon, on baisait en cosmonaute dans le froufrou moderne de couvertures de survie. Le cul dans l’eau, les filles ivres nous souriaient. Dans leurs reflets d’argent nous étions de vrais hommes prêts à mettre à nouveau.
    Mini bouches boudeuses des filles avisées.
    - »Viens beau cul ».
    L’anarchie du ciel nous donnait raison. Les cris désespérés d’un renard effrayé par les ténèbres rajoutaient à l’excitation des corps, nous baisions à sang des filles enchantées.
    Quand elles se refermaient, dans la rosée prés des genêts en fleurs en pissant nous montait à la tête la dure odeur du foutre et de l’alcool. On se sentait lavés par de saintes liqueurs, ivres du plaisir sauvage.
    Nous avions le paradis au choix.
    - »Une dernière goutte sur les lèvres s’il te plaît ».
    On passait l’onguent, eau de vaseline et tendres baisers, nous apaisions les chairs lilas chéries.
    Plus tard, embout rentrant, à l’heure du calme plat, je longeais un désert de plats vides. Je promenais ma chair sous les murs de Chastreix, je parlais seul. Je reconnaissais dans les veines du rocher mon indécision. Je ne voulais plus vivre sur ce plan plat des choses. Dans l’atelier du temps, bricoleur de moi-même, moins que l’outil que le copeau, je fabriquais un ustensile vain. Je restais des journées entières en isolation sensorielle, à dériver dans le caisson étroit dans un état de rêve, sans ordre, sans charme. On me jurait inconséquent, idiot souvent. Mais j’étais la toupie, et même le grand soleil ne pouvait rien pour moi. Je ne prenais jamais assez ou l’ombre ou le lumière, le soleil ou la pluie, la pluie ou les baisers. Ma vie ressemblait alors à une valse folle, rien ne fixait mon regard. Parfois, la trace odorante du gibier me fixait pour un temps, je voyais clair par d’autres sens, j’avais une production surhumaine de sensations. Je reprenais ma route, un durcisseur nourrissant sur le corps.
    En de fines arabesques je flattais chaque fille. j’étais un oiseau de nuit caressant dans l’ombre mystérieuse de leurs cils. Cils de filles redressés du bout de ma langue.
    Je traînais alors dans les bars, je cherchais l’animal et dedans l’animal la fille que je pensais. Je me présentais sur mesure.
    Love is my only devotion
    Dans quel corps étranger, sous quel accent cachait-elle nos mots d’amour, à quelle sueur mêlait-elle la sueur de moi?

  • V-

    Il ne suffisait pas de faire infuser la peine, encore fallait-il la boire – dans sa robe de nonne-.
    – Je mange sans faim.
    Je fais aujourd’hui infuser la peine.
    Je racle l’os.
    Je vis à l’aplomb du pieu inoxydable.Dans mon sommeil lourd d’éléphant, dedans mes yeux de chèvre, on me glisse dans le dos à droite l’aiguille du malheur, atteint physiquement, je perds ma dignité. Je touche alors le fond, où mes yeux fous de chèvre regardent sans rien voir.
    C’est abyssal enfin. Je travaille à la faux le fond des océans, je redoute le pire,
    c’est l’infini,
    alors faucher le fond des mers, faucher à l’infini
    faucher des couronnes de fleurs, des hommes estropiés
    du fer blanc dans le crâne je fauche large le fond des océans.
    Je cherche dans les cris, les soupirs, les râles, sous chaque animal,
    je voudrais écrire un mot nouveau, un qui me ressemble
    – jus rosé de la pavane fraîche
    tremblement bleuté des montagnes du ciel -
    Tu parles.
    Ce monde ne complète pas mon alphabet.
    J’enrage de rester sans nom.

    J’ai les nerfs dans un ballon ascensionnel, je suis prête à la bagarre, prête au meurtre.
    Je fais passer une bulle d’air dans de l’eau, une bulle d’eau dans de l’air.
    Il y a des rats entre les pierres, ils attendent en toute innocence, un peu de paix.
    Les cadavres s’entassent autour de la patronne qui n’a plus d’odorat, et c’est heureux. Vous restez à distance, je deviens un monstre.
    N’oubliez pas que le style est la réaction personnelle de l’auteur en situation et que « ce qui perturbe la vie perturbe le style » comme dirait l’autre.
    C’est votre grande affaire, non!
    Yours.

    Qu’avez-vous su du lait de Londres.
    des obélisques au fond des mers
    des graffitis sur le Mont-Blanc.
    avez-vous appris à chanter
    Yachine, du côte de la Liesse
    Dans un hôtel sur Parker lane, avez-vous mis comme Chase dans le ventre d’une agnelle.
    Aviez-vous l’âme d’un igloo.
    Mon bois joli a -t-il remis ses grains de sang.
    Yours
    P.S.: N’avons-nous pas assez perdu de temps à écouter des musiques qui n’en valaient pas la peine?

 

  • …- VI -

    Tu vis à la française, entouré de miroirs, tu ne sauras jamais sortir de ce point incandescent, sous ce ciel, les miroirs embrasent ton cœur.
    Hier dans la bruyère alors que tu t’acharnais dans mon cul, j’écoutais tes longs râles, ta mécanique folle oeuvrait pour mon plaisir. Mais tu étais si loin, dans une plaine sèche, vêtu en pèlerin, noué, méditatif, courbé sur le puits sans fond du désir. A l’heure de la traite de l’âme, des milliers de moucherons volaient autour d’un saule adolescent, un vacher se nouait de cuir, l’horizon était mauve. Tu disais ta semence venir de la voie lactée, cette soudure au ciel « la soudure de deux os – d’un crâne ajouré - ».
    On prenait une femme sous cette même voie lactée.
    – Sept hommes attentifs oeuvraient pour une femme.-
    Dans les larges faisceaux de la DCA, nerveux comme des tiges, nos corps restaient une frontière à dépasser. Au bout de la déraison il y avait ta prière insensée. »Incise-moi au côté… glisse ta main d’amour dans mes chairs… viens étouffer mon cœur… comme on fait aux moutons… dans ma poitrine ouverte… comme on fait au rouge-gorge… étouffe-moi le cœur comme on étouffe un oiseau… »
    Yours…..
    En bourreau d’hébétude
    Il faut extraire la mélodie de l’âme.
    mélodie des femmes aimées
    du renard battu
    gazouillis autour de l’hippopotame
    A l’épuisette dans ce black-out
    extraire la mélodie de l’âme…
    Je prends un thé amer. Je me passionne faussement pour la vie de la terre. Je prends note des signes de son déclin. Ce sort ne me va pas. Au matin la douce question fait les cent pas dans mon esprit. Je n’ose pas demander aux amis de confirmer cette nouvelle -. Je vole.
    La plate-forme est nue. Des lumières bleues et rouges marquent au sol des itinéraires mystérieux. Je pénètre enfin dans la pièce aux animaux.
    « Choisissez une peau, choisissez un plumage »
    Je marche en équilibre sur des carcasses mortes, l’air est embaumé.
    – « Chargez-moi s’il vous plaît, de l’âme d’un oiseau, quand puis-je prendre mon vol? »
    – « Dés le retour des cormorans et des loups. L’espace vous est offert, profitez de la nuit, ne craignez pas la mort. Volez. Voulez-vous des compagnons de collines, de bois humides et sombres ou des compagnons de savane? »
    - »Un bon de sortie pour le renard s’il vous plaît. »

       « Où, quand, combien? »

       Rachel pense toujours

       – « ce soir chez toi pour rien »...

​

​

  • VII -

      …
      Le rat a grimpé au rideau de ma chambre et m’a planté son regard mauvais au fond des tripes. Ma vie a cessé je       vous le jure. Comment expliquer que je n’ai fait ni un bruit ni un geste, lâche que je suis.
      Le sureau est tendre, pourtant je pense avoir cassé les cisailles.
      L’aubépine avant l’orage libère une odeur de pourriture, longtemps j’ai cherché un cadavre.
      Tailler la haie rend assez amer – dans une logique qui vous surprend -
      Je n’ai pas oublié vos iris, les trois organes, les trois jupons et les trois voiles, la langue douce, la chair mauve, la       chair de l’iris enfin!
      L’orage n’a pas duré.
      Jeff est passé, il ne remplit aucun vêtement, c’est étrange à voir, il n’aime que l’escalade, à ne pas pouvoir tenir une       conversation. Toujours dans le dur avec lui-même.
      Dur aux autres,
      Un poney dans le noir.
      yours
      ….

      Dame au petit chien,
      quand vous avez planté le rosier pale à la nuit tombante,
      vous m’avez demandé si j’avais peur du rosier.
      J’aurais pu répondre « un peu »,
      mais on ne peut pas toujours être à deux derrière le paravent,
      à deux dans le bonnet de nuit du bonheur,
      on ne peut pas croquer à deux la tige fraîche de la rhubarbe,
      on ne peut pas toujours être d’une vie large comme un pommier.
      Bel open ditch dans vôtre âge de cendres.
      Bien à vous,

      P.S.: Je file à Campan…

​

  • - VIII -

    Le monde est beau dans sa brume blanche, je ferme à demi les yeux, je vise un espace libéré par la lumière sur les champs déjà hauts mais le souffle me manque, en amont une autre bouche le prend, je pense à des choses effrayantes, le temps croise au large – les fourmis n’ont de cesse de m’exclure du monde des bâtisseurs -. Déjà les mots m’échappent – j’ai bâti avec des mots usés un temple froid -…
    Voilà qu’une jolie princesse me propose des pommes, je dis non avec un geste obscène et je sens que me glisse des mains le grand rideau rouge.
    La princesse est bientôt mangée par la brume…Allongé sur la table de granit, je cherche le sommeil dans ce no man’s land « dieu qu’on en finisse change-moi en brume » sont les derniers mots de la prière du songe. Pour m’engager au mieux sur la route des rêves, je souris et pense « change-moi en brune ».
    Alors l’esprit satisfait, un trou dans le ventre, en fille je m’endors.
    …Nous avions rendez-vous aux Feuillants.
    – « Retourne-toi. »
    Le mur est fait d’un gypse grave. Le temps est en nage.
    Tu peux me faire au poignard ta marque neuve. J’ai vu tes chaussettes, tes chaussettes de fille. Par mes nasaux je hume ton odeur de Haut Moyen-Age, un âge obscur que je comprends.
    La lame du poignard est recuite, c’est un grand malheur dans la cité.
    Au jugement de Dieu ton souffle chaud.
    - »Prise au cadran, nacre contre nacre, timide garce, retourne-toi.
    J’ai une technique entre musculation et terreur : un lupin dans ce ciment frais.
    Chair du jeune radis, retourne-toi.
    Que vois-tu à la tourelle ».
    - »T’es-tu éprise d’un chamois?
    Le chamois s’est-il épris de toi.
    Et cette odeur dans ton urine, c’était un bouc.
    A ton haleine le matin, je sais l’état de ton âme.
    C’était un bouc.

 

  • …- IX – …
    – « Si je n’enlève pas mon pantalon de cuir aujourd’hui, quand l’enlèverais-je? dit-elle.
    Je quittais alors l’immeuble Séquoia, les premiers traîneaux avaient fait dans la neige une trace insuffisante pour mes larges bottes. J’étais fragile des sinus, je rentrais les épaules. La nuit n’est jamais noire dans les pays de neige, bas sur l’horizon avançaient les nuages cotonneux, un boa sur les monts. Je retournais au manteau comme une mite, je cherchais l’endroit humide. Obscur au premier jet, un lynx sur du verre brisé, je me pensais indifférent, je me remontais du fond du puits à l’hameçon.
    Puis je pansais la bête qui met bas, je tenais sur mes reins le feu.
    A pieds joints dans l’intense je traversais l’atmosphère. Je me retournais sur l’incendie. Je déterrais l’asperge crue de ma misère.
    Tailler le houx, badigeonner gris perle, lancer la balançoire, se rire de tout.
    Lancer un autre train contre le mur blanc. Je ruminais une vengeance sauvage, je levais ses voiles grises, je me réchauffais les genoux, j’avalais un suc lourd, j’aspirais tous les astres, je m’en massais le coeur.
    J’avais une étrange panne dans mes sens.
    ……
    Dans nos occupations de rêve nous n’allions pas verser de larmes sur les fermes mortes.Café des Sports.
    Au Casse-Croûte.
    Hôtel du Centre.
    Bar des Touristes.
    Mercerie-Graineterie.
    Quiches et Sandwiches.
    A nos morts de 1870.
    A la fabrique de l’acier en aiguilles.
    Rue de l’Olagnier
    Je suivais la sarabande sur le chemin des orgues,
    Ils redressaient les fortifications.
    Je revenais de guerre, j’avais bu l’absinthe. Je retrouvais mon pays de gui et de houx.
    Je remarquais un son neuf sur le sentier. Les soues à cochons et les énigmatiques pigeonniers me laissaient pensif.
    Autant retourner au brouillard. Tous mes désirs se réduisaient comme des peaux.
    Oh image crémeuse, laitage de ces jours, lourd au cœur, un peu de bile au retour, air humide entre nous, battent les paupières…
    J’avais un volcan dans l’âme, je sentais de bas en haut le mouvement obscur, puis soudain je crachais tous ressorts, plombages, fers blancs et rognures de pomme de ma vie. L’âme a son estomac et le cœur le sien dirait-on. Je ne sentais rien de gracieux dans mon âme, je ne savais pas comment le dire.Nous étions alors assis sur les bords de l’Adour.
    - »J’aimerais que tu me baises »
    Il n’y avait que des masses. Des masses de nuages, de fleurs, de coquelicots. Je partais en voyage entre des murs de miel, au chant irrégulier des peupliers qui plient au rythme régulier de sa main dans mes cheveux.
    - »J’aimerais que tu me baises ».
    A l’arrière plan des chevaux roux s’agitaient. Quel était ce danger? Dans la coûteuse vigne, nous attendions d’être ivres, il n’y avait plus d’oiseaux.
    C’est à croire que l’ivresse est sage, c’est à croire que je suis fini.

 

  • …- X – …
    Ca y est j’ai la soif dure d’un âne.
    En-bas l’eau de vidange laiteuse de l’Isère et ses farios féroces – l’animal qu’on ne dresse pas, d’un goût si étranger au caractère de la bête -.
    Le capot du moteur vibre insensiblement et rajoute à l’excitation.
    A-t-on baisé là-dedans? Pour éprouver le réel, j’arrache les tentures cinéma et littérature qui lisent pour moi la lumière, l’organisation de la nature.
    Je pourrais culbuter madame de Rénal de même.
    Mais il faut baiser la garce du Groenland.
    ……
    eh bien, relevons le défi,
    je n’étais pas ce tas d’ordures à prendre avec des pincettes.
    de retour d’Avoriaz où en étais-tu?
    frais et dispos, nous aurions pu être quelque part à l’heure,
    à l’heure des machines
    à prendre du plaisir
    tu jurais alors « il n’y a rien derrière toutes ces choses ».
    dans la nuit étoilée le vent faisait voler des cendres, elles brillaient quelque temps,
    le ciel alors n’était pas plus profond que la bruyère.
    sous la voie lactée comme une raie d’écume
    – arc en ciel de lait au ciel comme un crâne, à la soudure du crâne -.
    nous regardions des étoiles briller au fond de la terre.
    dans le ballet des papillons de nuit je te suçais le ventre.
    nuit et jour bouton de rose,
    pinceau de soie délavée,
    coton humide,
    une langue d’eau.
    le vent rafraîchissait ma nuque, j’étais ton travailleur alors.
    toute entière à l’amour.
    si roulait un caillou sur le chemin, je pensais « il pourrait se tuer sur cette pierre là ».
    j’étais légère alors.
    adieu
    yours

 

  • …- XI – ...
    Je ne me souviens pas de la tendresse – jamais -. Je comprends très bien les suicidés et les malades des nerfs. Je me méfie des gens qui ont eu tous les bonheurs de l’enfance, ce sont les plus cruels.

      L’émoi de la partance
      le souci velu
      l’étendard discret dont on entend parfois le claquement
      pourquoi toujours écrire sur cette chose dure
      qu’en dire
      j’ai dormi mangé baisé
      c’est un cheval dans l’enclos
      la panoplie des choses nécessaires
      on voit les paysages
      on les parcourt à peine
      je m’ambitionne autre
      plus vide et plus souterrain aussi
      Mais
      je n’ai pas de sens
      je ne suis qu’un peu de fatigue
      je pense dans une coutume affreuse
      j’ai l’âme quadrillée d’autoroutes
      je dispose peu de mon monde intérieur
      ma vie n’est que couplets sans jamais de refrains
      couplets = falaises d’os
      je n’ai en propre que ce rayonnement de la garce du Groenland

      P.S. est-il vrai que pour écrire il faudrait être mort?
      …

​

  • - XII – ...Eh métayer pyrénéen
    où en sont les échos de ta carcasse de grillon
    comment vont les synapses du cygne muet de Sibérie
    comment va le pelage d’hiver de l’hermine
    - Kyrie eleison – Mariolle – Kyrie
    sister ship au sirocco
    contre braqueur honteux
    Quelles nouvelles?
    je suis méchant!
    - Kyrie eleison – Mariolle – Kyrie…

​

​

Fin

            

Ancre 2

NEVER MARY A TENESSEE GIRL

​

Poème signé Jean-Louis MURAT en cadeau sous forme de cartes postales pour l’achat des livres "1451″ et "Portraits".

 

​

Passant par le verrou
De glace et de ribis
Attendu comme un cerf
J`allais à la fontaine
Je traversais cent fois
Couché sur l`aviron
La vallée du silence
J`allais priant le ciel
De me donner à toi

Sans allure
Tout fait de vaines tombes
De renards désossés
Et de carioles vides
Dans le nuage bleu
De ton regard troublé
J`allais à la dérive

Je me chantais dedans

Rosée dans sa corolle
La volonté des choses
Me tenait dans te nature
Recouvrant ça et là
Le Cœur de mes chansons

Ecartoir et saillie
Sang noir de mes pensées
Je suis fait pour aimer
Que le diable m`emporte

Bestiole imaginante
J`entends sans fin ta voix
Je monte alors aux Cieux

Que font vos doigts
Ma mie
Dans ce jardin d`hiver

Oh aime désirer
Ce qui ne viendra pas

Le meilleur de moi
En traineau dans ton cœur
Foutaise

Vers les Cieux
Remonte debout dans sa charrette
Un cosaque lugubre

Un corps au cul parfait
Dans un destin de chèvre

Se glisse je le sens
Ta langue dans
Mon esprit

Mon âme est le secret
Qui soupire dans ton corps

Travaille pour ta boutique
Et ne viens pas mendier
Semblait-elle toujours
Me dire

Ceux qui ne savent pas rompre
Ne sauront pas mourir

Mississipi
Les proportions humaines
Ne me vont pas

Vous êtes tous pourris
J`ai envie de mourir

La raison tue le peu de foi
Et la déraison vient voler
Le reste

L`ai-je assez dit

Des mains gantées
M`attendent dans la ruelle

Que cède enfin le Cœur
Que la retenue d`eau
D`un dernier baiser (décisif)
Répande sur moi
La félicité des braves

A ma triste nuit
Déjà je succombe

“Ta chatte dans la gorge”
Pourra dire chaque russe
Qui s`est vide en toi

Au carrefour poilu
Où je jette mon ancre

J`apprends en t`éliminant

De retour des Cieux
Debout dans sa charrette
Le cosaque lugubre

Qu`allies-vous faire
Dans l`antre du
Prédateur?

Quelle haute tension
Dans le réseau d`arbustes

Regarde ce qu`elle fait là-bas
Perdue dans cette époque
Qui lui recoud le con
Dit la chanson sanguine

Où prends-tu le soleil
Pense la grappe enflée

Qui dans ton âme rude
Libérait le torrent des mots
D`amour pour moi

Reviens signal d`eau
Je t`en prie

La solitude m`effraie

Fontaine d`os
Viens mon dieu
Viens ma bouche

Retrousse sur l`ourlet
Ton humeur de fille
Viens mon herbe verte
Parler à l`océan

Affaire exceptionnelle
Mortier divin
Impératrice
Où es-tu?

Dégonflé de ton sang
Je me sens inutile

Par le corps de l`agnelle
Qui met bas ce chagrin
“pourquoi es-tu partie?”

Quel crime au fond du cœur

Je demandais
“M`aimes-tu”
Elle répondait
“je crois que je vais mourir”
Moi:
“c`est pour toujours”
Elle:
“pourquoi tant d`ironie”

Moi:
“allongez-vous alors”
Elle:
“et pour la reste”
Moi:
“je vous aime”
Elle:
“non vous trichez déjà”

Debout dans sa charrette
Le cosaque lugubre chante

​

Signé Gengis
08/06

​

P.S. si tu touches une pierre de ce château je te tue.

​

 

Ancre 3

sans titre

​

Poème de JLM sur le site jlm.com

​

 

 

- I -

Je te jure que ton Dieu

est une fille

mais une fille folle

je te jure que ton amour

est un éléphant

gentil pour sûr

mais éléphant

 

- II -

Homme liquide à souhait

homme poire en pantalon bouffant

homme ortie

quel est le prix de ta boutique?

 

- III -

Homme bleu

sur ta banquise intacte

ton souci du Congo

m’amuse

 

- IV -

Hé le grassouillet!

 comme enfant

passer son temps en tentatives

patauger dans la grotte

 comme tes chansons l’attestent

est-ce bien une vie?

​

​

​

​

Ancre 4
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