MuraTextes
ENTRE TUILIERE ET SANADOIRE / NOEL A LA MAISON / TOMBER SOUS LE CHARME / CORRIDOR HUMIDE / WOMAN ON MY MIND / MAITRESSE / N'ATTENDS RIEN / LE LIEN DEFAIT / QU'EST-CE QUE TU VOULAIS ? / DIEU ME GARDE DE VIEILLIR / AVALANCHE IV / COURS DIRE AUX HOMMES FAIBLES - REMIX / JEUNE PLUIE SUR LE CHARDON / MA DEMEURE C'EST LE FEU
Face Nord
compilation de faces B, de raretés et d'inédits
hors commerce offert aux abonnés des Inrockuptibles en octobre 1993
ENTRE TUILIERE ET SANADOIRE
je connais la rigueur des ans ô gué ô gué
où s'épuisent l'âme et le sang ô gué
le sang
je connais la fureur du vent ô gué ô gué
qui m'apporte le grand tourment ô gué
le vent
je pense à l'inconvénient d'être né quelque part
entre Tuilière et Sanadoire
où ira le bonheur d'aimer ô gué ô gué
l'horizon le foin les genets ô gué
mon aimée
où iront les animaux doux ô gué ô gué
les hivers rudes les redoux ô gué
mon amour
je pense à l'inconvénient d'être né quelque part
entre Tuilière et Sanadoire
méconnus l'or le sable blanc ô gué ô gué
méconnus les rires d'enfants ô gué
les enfants
nous avons d'un courage constant ô gué ô gué
maintenu notre vie d'avant ô gué
et pourtant
je pense à l'inconvénient d'être né quelque part
entre Tuilière et Sanadoire
je pense à l'inconvénient d'être né quelque part
entre Tuilière et Sanadoire
je pense à l'inconvénient d'être né quelque part
entre Tuilière et Sanadoire
dans ce pays qui n'est plus qu'un mouroir
entre Tuilière et Sanadoire
NOEL A LA MAISON
puis soudain
la vie devient fragile
le bonheur s'attise comme le charbon
puis de houx
se constelle l'abîme
loin le cœur erre sur le pont
sur le pont
où sommeille la vie
égorger de douleur le mouton
mettre au rouet sa filasse infantile
puis attacher au sapin des bonbons
comme de passer Noël
passer Noël
à la maison
geste chiche
cœur infaillible
homme pieux sûr d'avoir raison
oh sépare l'humeur enfantine
de l'homme amer
du chanteur forgeron
pâtre blond, vieillard en guenilles
oh jogger du pays sans nom
je t'attends ce soir à minuit pile
je t'attends ce soir à la maison
TOMBER SOUS LE CHARME
(Texte de Louise Féron)
comme le funambule casse son balancier
et pour défier le sort marche les yeux fermés
je regardais sans voir les pendules arrêtées
j'avais perdu la trace des mots sur le papier
je soufflais sur le noir de mes encriers
j'avais les joues les yeux et le cœur barbouillés
j'avais plus mal nulle part je dormais sans rêver
je suivais sans y croire le fil de mon histoire
tomber sous le charme
j'ai dépassé la limite des doses prescrites
sans jamais approcher des paradis promis
je courais bien trop vite pour tomber
toi seul a su me rattraper
tu m'as capturé dans la lumière crue
comme on relève un guerrier fourbu
tu m'es venue quand je n'y croyais plus
comme un sanglot trop longtemps retenu
tomber sous le charme
viens je vais tomber
découvrir surpris de l'eau sous mes cils
revoir ma vie quitter ses rails
goûter sur ta peau le temps retrouver
et tout oublier chère Louise
tout oublier
tomber sous le charme
je vais tomber
viens je vais tomber
CORRIDOR HUMIDE
je pénètre insouciant
la ténébreuse allée
où le malheur m'attends
pour sa dernière curée
je vais manquer de temps
oh vous mes souvenirs
quel événement
devrons-nous punir
qui sous le masque saint
de nos premières années
comme un laquais un chien
je n'ose le penser
amour qu'était l'amour
entre âme sexe et enfant
oh non pas cet amour
ça je vous le défend
dans quelques jours l'été
j'en perds la mémoire
comme pans effondrés
dans un enclos cathare
reviens vite je prends
le corridor humide
que prennent les enfants
dans mon souvenir
WOMAN ON MY MIND
ma mémoire est inflammable
inflammable à souhait
insensible à tes pluies
de baisers
aux morsures de ta mâchoire
seigneur bien aimé
je reste étranger
j'ai a woman on my mind
a woman on my mind
a woman
j'aime la vigueur de son corps
ses sanglots orageux
son joug
ses cavernes
ses cheveux
et quand brille sa lumière
hors du commun
j'épouse enfin mon destin
a woman on my mind
a woman on my mind
a woman
mais tu m'as pris
l'amour vulgaire
ce cocher de mon âme
pris le vase d'argile
noyée la flamme
par mes cicatrices anciennes
mes printemps endeuillés
tu ne m'empêcheras pas de chanter
j'ai a woman
a woman
a woman
a woman on my mind
Dieu fais que je sois toujours
toujours jeune gens
je veux encore me jouer
du temps
que vienne à ma bouche
ma bouche de mourant
l'âme tendre
a woman on my mind
MAITRESSE
ne joue pas au jeu
de l'amant le plus vaniteux
je t'attends
j'attends
mais tu ne sais pas
ce que c'est un amant
tu me parles d'amour
comme l'assassin chante
au secours
tu manques de cran
et tu ne sais pas
ce que c'est un amant
à l'esprit curieux
intriguant
qui ne prend pas de gants
pour te bousculer
un amant
tes discours me font
comme un long baiser
sur le front
ce caprice, je sais
sera tôt mort en février
tes discours me font
comme un long baiser
sur le front
mon désir, je sais
finira un jour mort-né
N'ATTENDS RIEN
n'attends pas le vent de sable
le sable et le vent
le mirage, le naufrage
qui plaît aux amants
ne crois pas l'Américain
qui t'attend là-bas
l'Amérique ne vaut rien
pour les gens comme toi
comme pour les gens d'Abyssinie
pour les chercheurs d'or
il ne te reste qu'un seul pays
l'ombre de ton corps
n'attends rien
n'attends pas le tueur fou
le cochon de lait
le péruvien, le Pérou
pour t'abandonner
quand viendra la saison des pluies
lave-t'en les mains
et n'attends rien de la vie
qu'un peu de chagrin
comme pour les gens d'Abyssinie
pour les chercheurs d'or
il ne te reste qu'un seul pays
l'ombre de ton corps
n'attends rien
si ton âme est mystérieuse
ton cœur vagabond
alors que ton esprit sommeille
ne demande pas pardon
LE LIEN DEFAIT
(version single)
comme l'ange blond
noyé dans la Durance
comme un démon
tu déferas le tien
comme l'oiseau borgne
comme Jeanne de France
dans ta démence
tu déferas le tien
on se croit d'amour
on se croit féroce enraciné
mais revient toujours
le temps du lien défait
on se croit d'amour
on se sent épris d'éternité
mais revient toujours
le temps du lien défait
comme la vipère
comme la reine des près
morte terre
tu déferas le tien
comme la femme douce
comme l'homme léger
au moment d'oublier
tu déferas le tien
on se croit d'amour
on se croit féroce enraciné
mais revient toujours
le temps du lien défait
on se croit d'amour
on se sent épris d'éternité
mais revient toujours
le temps du lien défait
QU'EST-CE QUE TU VOULAIS ?
qu'est-ce que tu voulais
répète un peu que je sache
qu'est-ce qui ne va pas
qu'est-ce qui ne tourne pas rond
qu'est-ce que tu cherchais
répète - je reviens
tu auras tout le temps de te souvenir
qu'est-ce que tu voulais
vois je suis de retour
tout recommencer
se remettre sur les rails
je t'écoute - allez parle
qu'est-ce que tu cherchais
vois comme on se trompe
non
quelqu'un nous a t'il vu
quand tu m'as donné le baiser
quelqu'un blotti dans l'ombre
quelqu'un que je n'ai pas remarqué
y a t'il quelque chose que tu désires
que je ne comprends pas
mais qu'est-ce que tu voulais
comment le savoir
quoi que tu désires
moi je n'ai pas de souvenir
rappelle-moi, parle
le disque est brisé
le diamant est fou
qui attendre
et quel malentendu
qu'est-ce que tu voulais
je ne m'en souviens pas
est-ce bien toi qui me parlais à l'instant
est-ce quelque chose d'important
ou une chose de rien
mais qu'est-ce que tu cherchais
répète
moi j'ai la mémoire courte
quoi que tu désires
quoi qu'il en soit
quelqu'un t'aurait-il dit
que tu pouvais l'obtenir de moi
est-ce naturel - est-ce facile à dire
pourquoi et qui es-tu
c'est le décor qui change
ou c'est moi qui me trompe
tout a déjà été vécu
écoute c'est notre chanson
où étais tu au début
ça n'a pas d'importance pour toi
alors qu'est-ce que tu voulais
est-ce bien à moi que tu parles
dis est-ce bien à moi que tu parles
est-ce bien à moi que tu parles
DIEU ME GARDE DE VIEILLIR
que Dieu me garde de vieillir
que Dieu me garde
que Dieu me garde de te faire souffrir
que Dieu me garde
que Dieu me garde de me trahir
que Dieu me garde
je vis comme un chien
j'n'ai plus rien à partager
j'ai le sommeil agité
je rêve d'un pont lancé sur l'océan
d'où je me jette en hurlant
des amis nouveaux
me demandent un avis
sur les chats sur les souris
j'ai réponse à tout
je ne crains pas la question
mais où est passée ma raison ?
que Dieu me garde de vieillir
que Dieu me garde
que Dieu me garde
la paix des étoiles
m'a quitté depuis longtemps
je ne suis plus qu'un mendiant
je parle de moi tous les jours
sur tous les tons
mais où est passée ma raison ?
je vis mon ennui
sans sexe, larmes et chansons
tantôt lapin tantôt chaton
le diable est heureux
il tient son nouveau champion
il m'habite pour de bon
que Dieu me garde de vieillir
que Dieu me garde
que Dieu me garde de me trahir
que Dieu me garde
que Dieu me garde...
AVALANCHE IV
(Texte original de Leonard Cohen)
j'ai été pris dans l'avalanche
j'y ai perdu mon âme
quand je ne suis plus ce monstre qui te fascine
je vis sous l'or des collines
toi qui veux vaincre la douleur
tu dois apprendre à me servir
le hasard t'a conduit vers moi
pauvre chercheur d'or
mais ce monstre que tu as recueilli
ignore le faim ignore le froid
il ne recherche pas ta compagnie
même ici au cœur au cœur du monde
si je suis sur un piédestal
je le gravis seul
tes lois ne m'obligent à rien
ni fessée ni prière
je suis moi-même le piédestal
par cette marque hideuse qui te fascine
tu ne pourras vaincre la douleur
sans être généreuse
ces miettes que tu m'offres amour
ne sont que les restes de mes festins
ta douleur ici ne vaut rien
ce n'est que l'ombre l'ombre de ma blessure
pourtant vois comme je te désire
moi qui n'ai plus d'envie
vois comme partout je te chante
moi qui n'ai plus de désirs
tu penses m'avoir abandonné
mais je frémis encore quand tu soupires
ne mets pas ces haillons pour moi
je sais que tu es riche
ne m'aime pas aussi férocement
si tu ne sais plus ce qu'est l'amour
à toi de jouer allez viens
regarde j'ai revêtu ta chair
COURS DIRE AUX HOMMES FAIBLES - REMIX
c'est la course du bull-homme ça donne...
écoute ça :
tu cours et tu vas oui d'une jambe sur l'autre
tu quittes le sol plus vite qu'en marchant
tu galopes et puis tu trottes
tu bondis et puis tu t'élances
t'as le feu aux fesses le diable à tes trousses
prends tes jambes à ton cou
à toutes jambes, prends les à ton cou
ventre à terre, tête baissée
on appelle ça tête brûlée
cours, cours à perdre haleine
tel, tel un dératé
à fond de train, vas-y cours
l'homme... ça donne....
le vent sur la neige, l'eau sur le rocher
sur le bitume, dans la plume, le papier
comme le sanglier, les deux lièvres
tu cours l'aventure
le danger, laisse courir
et puis la chance, laisse courir
les filles, laisse finir
et puis le risque dans la ville
cours dans les rues, dans les bois
à la campagne
cours dans les mondes, cours dans les rues
cours les filles, cours pour de bon
ça donne....
dans la cour, rien autour
c'est seulement, c'est seulement
c'est seulement un refuge de vautours
où les uns et les autres vivent à leur tour
tour à tour, dans la tour
le vent sur la neige, l'eau sur le rocher
sur le bitume, dans la plume, le papier
comme le sanglier, les deux lièvres
tu cours l'aventure
le danger, laisse courir
et puis la chance, laisse courir
les filles, laisse finir
et puis le risque dans la ville
cours dans les rues, dans les bois
à la campagne
cours dans le monde, cours les rues
cours les filles, cours pour de bon
ça donne....
il met en évidence ses yeux de velours
il fait un tour du côté de son amour
maintenant l'enfant est lourd
l'enfant est lourd
il est parti au jour
ça donne... la course du plus rapide...
il a mis en évidence ses yeux de velours
il a fait un tour du côté de son amour
du côté de son amour
en face de la cour, rien autour
que des vautours
dans la cour... il s'est passé beaucoup de choses
parce que...
JEUNE PLUIE SUR LE CHARDON
jeune pluie sur le chardon
sueur saine sur le front
vigueur mâle du démon
qui épelle ton nom
nom bancal que je vomis
tes gestes ont raison
au réveil ils me défont
au manège sans souci
où se défait ma vie
ma vie de scieur de long
l'hélice au plafond
me happe pour de bon
langue et lippe esquintées
je ne sais plus chanter
comme ce chanteur à la con
MA DEMEURE C'EST LE FEU
consumé de désir
j'ai le cœur du vampire
du serpent venimeux
ma demeure c'est le feu
dans ma vie de harpon
sans signification
j'ai l'instinct impérieux
ma demeure c'est le feu
ma demeure c'est le feu
ma demeure
ne viens pas t'empaler
sur mon âme enragée
ma palissade bleue