MuraTextes
QU'EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE ?
Manier du bout des doigts
Sa raison en travaillant
Quelle passion attentive
Ton visage contre le mien
Désolé je ne comprends pas
Il n’y a pas de mots pour tout
Ok je suis un ignorant
Mais enfin « qu’est-ce que ça veut dire ? »
Comme tout se fait plus étroit
Dans ce même compartiment
Y’aurait-il quelque chose
Qu’on aurait aimé me dire oui
Oui je sais sexe et effroi
L’horizon est infini
Ok je suis un ignorant
Mais enfin « qu’est-ce que ça veut dire ? »
Hello, hello, hello,…
Tout au mystère à l’excès
Seul au fond de cet enclos
On pense « ça y est, je l’ai »
Puis tout se couvre de bourgeons
La tendresse de la nuit
Ferait notre architecture
Suis-je ce lieu solitaire
Mais enfin « qu’est-ce que ça veut dire ? »
Si ma terre est nostalgique
Et si le ciel est boueux
Que vaut l’éclat d’un regard
Qu’est-ce que tomber amoureux, nu
Nu depuis la nuit des temps
J’attends une histoire d’amour
Ok je suis un ignorant
Mais enfin « qu’est-ce que ça veut dire ? »
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Hello, hello, hello,…
La vie est une beauté
Merveilleux d’être en vie
Quelque chose sur l’ordi
Oui, tous attendent le messie
Que vaut ta chanson de geste
Aux baisers profonds et pieux
Amour que tu as changé
Mais enfin « qu’est-ce que ça veut dire ? »
Puis voilà ce dernier truc
Mort au pingouin au zoo
Je te donne mon sourire
Le v’là pour tes gros ciseaux, pur
Pur novice en la matière
Au chapitre de ma vie
Est-ce le dernier voyage
Mais enfin « qu’est-ce que ça veut dire ? »
Du garçon de la montagne
Qui n’était pas paysan
Prends cette ombre d’un visage
Encore humide au matin qui
Qui, blessé dans les parties
Basses descend du peuplier
Mais enfin berger malade
Mais enfin « qu’est-ce que ça veut dire ? »
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Hello, hello, hello, Papa…
SANS PITIE POUR LE CHEVAL
En détail d’une journée
Voilà les derniers moments
Au détail de nos souffrances
Au récit d’une guerre
Je devine ta présence
Tu as murmuré « Maman »
Prions pour les disparus
Tous emportés par l’obus
Ton linceul de guerrier
Tombe, creusé à l’avance
Souvenirs et solitude
Sont à jamais nos amis
Quand nous partîmes à la guerre
Sûrs de vaincre au premier jour
Comme à coups de revolver
Sans pitié pour le cheval
Complètement abandonnés
Les yeux se rouvrent, éperdus
Mon sang coule dans la boue
Tous les cris sont insensés
Quelle force de gémir
Viendra arrêter nos pas
Qu’est-ce qu’une vie intégrale
Sans pitié pour le cheval
Et le cadavre des bêtes
Robe rouge dans le sang
Plus de terre vivante
Pour sommeiller
Tous les hommes de la Marne
Tombent à coup de révolver
Sans pitié pour le cheval
REMI EST MORT AINSI
Le premier jour
Nous avons pris
Langogne et Le Puy
Les femmes chantaient
Nous étions tous amis
La marée sans fin
Nous levait au paradis
Que ce temps est loin
Colette mon petit
Quelque autre jour
La Loire passée
Une embuscade à midi
Près de Colnage
Sous la petite pluie
Le cri de colère
Réveilla-t-il mon amie
Que ce temps est loin
Colette mon petit
A l’arme blanche
Entends-tu les sanglots
Les cris de colère
Ce chaos
Je vois ma mie le feu
D’un grand incendie
Des bœufs apeurés
Dévalent les prairies
Au loin ronronnent
Les chars, de quel ennemi ?
Que ce temps est loin
Colette mon petit
Au dernier jour
Tout vient nous dire
« Désolé »
Je n’ai pas vu venir
L’ombre sur les blés
Je n’ai que vous à sauver
Maquis de mon âme
Giroflée de ma folie
Dans l’air des montagnes
Entends-tu l’hallali
Que le vent d’Espagne
Revienne dire à ma mie
Que ce temps est loin
Colette mon petit
…
Mon lieutenant
Sans l’infini
Tout est malade
Grands cieux
Qu’elle pitié
…
ALEXANDRIE
L’art du silence
Aura ma peau
Scellé de bleu
Ce monde est clos
Dernière légion
Jusqu’au tombeau
Quitter ce monde
Comme un héros
Sortir en mer
En pleine nuit
Rondeur du monde
Alexandrie
Sans coup férir
Comme un pur sang
Prendre la mer
Sans testament
En jupon court
A pleine voile
Sur le navire
Il fait grand beau
Te voir nue
Comme un champ bleu
Tenir la mer
En amoureux
Alexandrie
Alex
Muscle noyé
Dans ta blancheur
Aspic attend
Que sonne l’heure
Bêtes à genoux
Nous attendons
L’orage rouge
Comme le sang
Bout du voyage
En Ptolémée
En Prince perse
Souffle coupé
En langue grecque
Alexandrie
Crécelle d’or
Dans ma nuit…
Alexandrie
Alex
Moi le parti
On ne sait d’où
Risquer le pire
Aimer toujours
Alexandrie
Alex
(Pour Alex)
HAUT ARVERNE
Le voyageur sort de l’arbre
J’entends sa voix qui ralentit
à l’heure de la verdure fraîche
Un homme seul fête l’automne
Le poids de l’âme fait le cœur lourd
La nuit nous tient en ciel d’orage
Ténèbres bleues
Chanteur soudain
Au fleuve oubli
quel est l’écho ?
A mon épaule tout cesse d’être
Dans la manière de chanter
embouchure d’un fleuve à nous
Parmi les ombres de ma gorge
que Dieu se charge des taureaux
Taureau
La démesure en premier lieu
Voyage de nos propres verbes
Rapide ainsi va l’hirondelle
parmi les ombres
L’homme captif a besoin d’aide
Demeurer pur
Oh quel voyage !
L’air libre dévore le Christ
Sans borne nous n’avons qu’une crainte
Regards timides
Jours de détresse
Quel torrent de nuit empressé
Destin d’amant
Destin de chose
Amour et nous peu de sommeil
jamais l’âme ne rejoint le sang
autant finir où tout commence
Plus tout vieillit couvert de neige
plus, de la forge au cervelas,
le cœur se soigne à la torture
Rêves d’hiver à l’harmonium
Malheurs couvés par le vent
Visible ou non tout cesse d’être
Destin d’amant
Destin de chose
JE VOUDRAIS ME PERDRE DE VUE
Je voudrais me perdre de vue
me décaler d’un demi-ton
ouvrir mes tubes de couleurs
comme avant l’accident
Je voudrais me perdre de vue
finir le pain d’un long exil
dans une chanson bienvenue
ne plus être clinique
Je voudrais me perdre de vue
dans un grand orchestre au complet
dans une absence congénitale
poser le pied
Je voudrais me perdre de vue
dans un simple chant de berger
au rythme d’une autre épopée
aux choses simples
Comment s’appelle le voisin ?
Au loin…
Je voudrais me perdre de vue
perdre ma mélodie motrice
la dièse mineur non trop triste
je voudrais un do au milieu
Je voudrais me perdre de vue
dans la mesure d’un mois d’avril
dans ma mémoire épisodique
me remplir de lait et de feu
Je voudrais me perdre de vue
venir d’une source étrangère
sortir d’un sommeil profond
inaccessible à la tristesse
Je voudrais me perdre de vue
connaître les mouvements requis
ne plus être contraint de vivre
au rythme dolent de ces jours
Je voudrais me perdre de vue
ignorer la fleur et le gant
pouvoir regagner la Prairie
avant la tombée de la nuit
Je voudrais me perdre de vue
dans des circonstances normales
sentir un progrès radical
en modulant tes mots d’amour
Amilumba
Amilumbao
VENDRE LES PRES
Les yeux semblent traqués
Comment nourrir les bouches
Les filles à marier
Et le linge brodé
V’là les automobiles
Jusque sous nos fenêtres
Dieu veuillez m’excuser
La lumière est mourante
Il faut vendre la terre
Il faut vendre les prés
Il faut passer le bois
Grand-mère tient la maison
Pour quelque cul-terreux
Sans plus d’éducation
Quel travail de nuit
Foutu dans un dancing
De l’eau jusqu’aux chevilles
Tout nous tient désolés
Il faut vendre la terre
Il faut vendre les prés
Enfants d’histoire d’amour
Enfants de la liqueur
La bruyère inconnue
Va de ce petit feu
Nous avons tant d’ennuis
Ne blâmez pas le père
Voilà le temps de vivre
Par les choses éphémères
Il faut vendre la terre
Il faut vendre les prés
Du fond de mon sommeil
J’ai vu venir la flèche
Nos vaches sous la pluie
Prudemment descendaient
Ceux mis dans le pétrin
A faire ce qu’on leur dit
Les cœurs brûlants de fièvre
Misère nom de Dieu
Il faut vendre la terre
Il faut vendre les prés
Voilà monde moderne
Et son cul plein de boue
Accusant la montagne
D’être obstacle à la joie
Qui nous toise à travers
Ce devenir sombre
En tombée de la nuit
Tiens nous v’là l’ivre mort
Il faut vendre la terre
Il faut vendre les prés
Comme la lumière est grise
Nous traversons les prés
Quand réciter par cœur
Est souvenir des lieux
Reste de vie stagnant
Comme reste une eau morte
Misère nom de Dieu
Il faut vendre la terre
Il faut vendre les prés
LE CHAMPION ESPAGNOL
Le champion espagnol
qui n’a pas froid aux yeux
précédé de motos
en position tenace
sur la route du ciel
en film noir et blanc
aux portes des villages
a la faveur du vent
Sur les pentes légères
pense à son temps compté
le maillot jaune en tête
comme un chien affamé
Ulysse en son royaume
fait une offrande aux dieux
et s’enfonce isolé
Tout devient médiéval
tout est creusé par l’air
Tourmalet tout va bien
que retombe la gloire
_ Je ne manque de rien
comme à l’instant de naître _
(avec l’accent de Tolède)
Le vainqueur espagnol
figure d’éternité
vient renforcer mes bords
Les mains de Kiki
Dimanche
Applaudi
L’hérisson
Des Nozo
Landeau
Taupe
Sammaison Sammaison
Fach
Fol
Vi
Fon
Mais chercher l’aventure
Au plus profond des mots
Chercher sans gouvernail
Parmi ces charlatans
Quel est celui qui compte
Dans ce trop vieil empire
Où est donc ton cheval
vassal des bénéfices ?
On se tait tout à fait
Le sang coule des doigts
Juché sur ton grand arbre
Dieu que ta vie est close
Cruel en ta bêtise
Que rien ne peut reprendre
En règle de prudence
Tu jettes tout dans l’erreur
Autour de l’an 1000
Qui pour renforcer mes bords ?
Carton rouge
Ro
To
Fa
Qui
Qui qui qui ?
LES ROUGES SOULIERS
Etre amoureux de toi
Pour qu’on s’occupe de moi
Les choses à vivre ici
N’ont jamais nom de paradis
De la neige où j’ai grandi
A l’idéal tout petit
Quelle fourrure tes yeux
Sans remède quel lieu
Oh oh oh voilà les rouges souliers
… Quelle couleur inégalée
On croit connaître l’amour
Mais rien ne vient au secours
Ce soir qu’est-ce que tu fais
Malgré moi je t’aurais quitté
S’éloigne le canoë
De notre gourbis privé
Dans la maison de l’âme
Quels visages pâles pâles
Oh oh oh voilà les rouges souliers
… Quelle couleur inégalée
Toute idée qui m’élève
Ressemble alors à la forêt
Je devine tes pensées
Pas la peine de m’engueuler
Toute éponge gorgée d’eau
Se croit la forme du beau
Je pense à cette idée bleue
Je vole dans la nuit des dieux
Oh oh oh voilà les rouges souliers
… Quelle couleur inégalée
LA LETTRE DE LA PAMPA
Des heures de voyage à travers la pampa
m’ont fait comme un soleil sur des neiges éternelles
quelle paix intérieure – Dieu, quelles promenades
toutes les sensations viennent de mon travail
L’idée de ton retour, splendide comme jamais,
torturant et étrange, fait souffrir de l’époque
il n’y a pour le moment plus de poissons dans l’eau
je ne comprends pas les hommes
Jouir et puis manger me font pertes inouïes
Comme me donnent raison ces sales événements
Je l’ai toujours senti, mes lèvres sur la montagne
Adieu bonne nature
A tant craindre l’amour, il n’y a rien de nouveau
En musique de chambre, endroit chaud et douillet
l’Europe est le désordre qui tourmente à son gré
je tiens au compte-gouttes
Je rencontre aujourd’hui, un agneau dans les bras,
ton grand paquebot blanc qu’on traîne à l’échafaud,
les travaux, la maison me font beaucoup de bien
je ne crains pas l’hiver
Bien à toi,
JLM